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François Bauer
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Texte de Jean Marc Dimanche sur l'exposition "Le jardin extraordinaire" (05.05.2024)

Chez François Bauer, la céramique est venue tardivement, par un réel besoin de faire. La
nécessité absolue de fabriquer avec ses mains. Immergé dans les arts graphiques depuis son
enfance, il décidera d’étudier cette spécialité à Chaumont avant de poursuivre par un cursus en
design d’objet à la HEAR de Strasbourg. Mais très vite insatisfait de ne s’arrêter qu’à la
conceptualisation et au dessin, il choisit alors de se tourner vers le travail de la terre et suit une
formation à l’Institut Européen des Arts Céramiques de Guebwiller. Le sort en est jeté, et
comme il le dit lui même, sa vie est pour toujours tracée, dédiée à la céramique.

Dans sa pratique artistique, il est clair qu’aujourd’hui, tout se mélange. Sans aucune confusion,
ni repenti, que ce soit dans la forme ou dans ce que l’on pourrait nommer le décor. C’est un peu
comme si tout s’augmentait, se décidait et se dessinait en une sorte d’extension du domaine de
l’objet. Puisque tout part encore pour lui du dessin qu’il formule ensuite par la grâce et la force
de la céramique en d’étonnantes constructions qui se dressent dans l’espace. L’objet est aussi
malgré lui convoqué, de la tasse ou du pichet, qui s’affiche à notre mémoire collective, avant
d’être découpé, déstructuré, assemblé à de curieuses plaques, telle une véritable tectonique de
la matière. Dessin toujours qui s’extrait de la feuille blanche pour s’animer et courir sur les
volumes, où de curieux motifs viennent se jouer des reliefs et des brillances de la surface,
faisant ici appel à la peinture et au paysage. La profusion des signes comme des couleurs est
assumée qui fige d’abord le regard avant de nous apprendre à tourner finalement autour de
chacune des œuvres, pour pouvoir en apprécier les contours et les circonvolutions.

C’est certain, François Bauer aime jouer, s’amuser, mettre en scène une nature facétieuse qui
se moque des échelles et de la beauté formelle, quitte à troubler notre vision et faire un peu
grincer l’œil. Il y a dans ces compositions une dimension surréaliste qu’il adore aller puiser dans
les souvenirs d’une enfance douce et heureuse, passée au cœur des montagnes savoyardes. Il
parle aisément des patchworks anglais aux couleurs follement contrastées de sa grand-mère,
et des nappes joyeusement kitchs qu’adorait collectionner sa mère, aussi du sucré de la tarte
aux myrtilles ou encore de tous ces curieux objets qui emplissaient la maison et le fascinaient
tant quand il était petit. Il y a pour lui le bonheur de ses premières années, comme un trésor à
préserver, cette légèreté de vivre que lui a offert une famille aimante et aimée, qu’il tient plus
que tout à perpétuer et à partager. Il y a un monde au delà du monde, un jardin extraordinaire
dans lequel se perdre, une terre fertile à cultiver et à voir s’épanouir.

Dans cette collision de souvenirs fleuris et de pratiques joliment assouvies, le voici à construire
son œuvre, et chemin faisant à nous offrir une première exposition personnelle empreinte
d’émotions et de beaux sentiments. L’époque en est suffisamment dénuée qui se complet à
nous dépeindre toutes les noirceurs de notre humanité, pour se réjouir quand un jeune artiste,
soudain, se plait à nous tendre le miroir déformant d’un monde où l’amour et le jeu l’emportent
sur les malheurs de l’instant présent. Et gageons qu’à l’image du fou chantant - le bien nommé
Charles Trenet - qui nous a soufflé le titre de ce joyeux et terrestre opus, François Bauer, à
s’évertuer, lui, à dessiner le bonheur, parvienne demain à tous nous l’imposer comme seul art
de vivre et unique raison de créer !

Jean-Marc Dimanche
Ceramique
En construction
Under construction
En construction
Under construction